lundi 15 juin 2020

Les Services compétents de Iegor Gran


Les Services compétents, Iegor Gran

Résumé : Depuis 1959, le seul accroc à la carrière exemplaire du lieutenant du KGB Evgueni Feodorovitch Ivanov est son incapacité à mettre la main sur un écrivain dissident. Celui-ci se permet, en effet, d'utiliser le pseudonyme d'Abram Tertz, un nom juif, pour critiquer le réalisme socialisme et se moquer du soviétisme, en publiant ses écrits à l'étranger. 

Mon avis : Dans ce livre, Iegor Gran, se penche sur l'enquête qui a conduit à l'arrestation et la condamnation au goulag de son père, l'écrivain Andreï Siniavski.

L'histoire est truffée d'anecdotes sur le régime soviétique des années 1959 à 1965. Pour certaines, l'écrivain prend sans doute quelques libertés avec l'histoire car un passage semble évoquer le fiasco du champ pétrolifère de Darvaza au Turkménistan , or les faits datent de 1971.

Le ton est résolument ironique et moqueur, dans la droite lignée de son père. J'ai trouvé très intéressant qu'il raconte cette histoire du point de vue de l'agent du KGB.

Ivanov est un agent très investi et convaincu par l'idéologie soviétique. Il méprise ceux qui regardent un peu trop du côté de l'occident. Pour lui, le régime a beaucoup progressé par rapport aux années Staline, il est presque devenu laxiste. La façon dont il considère qu'une condamnation de quelques années au goulag est magnanime donne une certaine idée de sa psychologie 😶.

Sa femme est tout aussi fidèle au régime même si le couple ne rechigne pas sur les petits avantages que leur loyauté leur apporte. Après tout, ils se disent qu'ils les méritent ! A eux deux, ils forment un foyer sans passion et plutôt routinier.

Le récit fait la part belle aux moyens déployés par le KGB, entre filatures systématiques, mises sur écoute, techniques psychologiques d'interrogatoires et informateurs zélés, on découvre des agents aux comportements obsessionnels et à l'esprit critique quelque peu émoussé.

Toutes les absurdités du système soviétique sont tournées en dérision. Des immeubles mal conçus aux ruptures de stock permanentes pour des produits de mauvaise qualité, le peuple russe apparaît comme le roi de la débrouille face à un système rigide et procédurier.

Le fatalisme du couple Siniavski, les parents de l'auteur, est en parfaite opposition avec l'agitation des services compétents, ce cher KGB. Sa mère s'illustre particulièrement par sa capacité à se moquer du système jusqu'au bout. Au jeu du chat et de la souris, on sait dès le début que le félin va attraper sa proie mais une chose est sûre, il ne réussira pas à la dévorer.

On prendrait presque Ivanov en sympathie, pour s'être fait mener en bateau tant d'années, s'il n'aimait pas autant son travail.

En bref, j'ai énormément apprécié l'humour de l'auteur, sa façon de parler d'un système totalitaire en mettant l'accent sur les humains, finalement assez ordinaires, qui le faisaient fonctionner. Dans un passage, même Khrouchtchev, qui s'endort devant Huit et demi de Fellini, apparaît juste comme un homme vieillissant.

dimanche 14 juin 2020

My husband in Law (Thaïlande)


My husband in Law, lakorn

My Husband in Law



Nombre d'épisodes : 15

Durée d'un épisode : 1H50

Chaîne(s) : Channel 3 Thailand

Disponible sur : Site officiel (non sous-titré), Dimsum.my (VPN nécessaire depuis la France), Lakorn Galaxy

Pays : Thaïlande

Genre(s) : Romance, Comédie

Résumé : Pour échapper à la vengeance d'un mafieux, Thien, un architecte arrogant, qui a l'habitude de papillonner d'une femme à l'autre, se retrouve lié par un mariage arrangé à Muey qu'il considère comme une soeur.

Muey, bien entendu, ne le considère pas du tout comme un frère et est amoureuse de lui depuis l'adolescence. Elle est ravie de cet arrangement qui lui permet de se rapprocher de l'homme de ses rêves.

Très rapidement, Yada, l'ex-maîtresse de Thien et épouse de Pon Det, le mafieux qui le menace, va chercher à jouer les trouble-fête.

Mon avis : J'avais déjà parlé de ce lakorn dans mon post sur les nouveaux dramas de mai 2020 et j'étais déjà très enthousiaste à son sujet. 

A priori, l'intrigue est typique des dramas thaïlandais : un mariage arrangé, un homme riche et arrogant, une femme d'un milieu plus modeste et bien sûr quelques mafieux et guerres de pouvoir pour le côté action 😏.

Pourtant, cette série dévie assez rapidement du schéma classique. Les clichés du genre sont très souvent détournés et vite évacués. Vous ne passerez pas des heures à regarder des mafieux pourrir la vie de nos deux héros ^^.

D'ailleurs, Yada, a priori dans le rôle de la femme jalouse qui ne veut pas renoncer à Thien, connaît une évolution positive. Au fond, son principal problème, ce n'est pas d'obtenir un homme mais plutôt d'échapper à un mari violent.

De son côté, Thien n'est pas aussi arrogant qu'on pourrait le croire. Au début, j'ai détesté son attitude, surtout avec Yada. Il ne veut pas d'elle, on peut le comprendre mais il aurait pu faire preuve d'un minimum compassion vis à vis d'une femme battue par son mari 😠.
Au fil des épisodes, il est remonté dans mon estime. Quelque part, il se sent surtout piégé dans une relation qu'on lui impose : sa mère ne cesse de lui répéter qu'elle voudrait qu'il soit en couple avec Muey. Il a aussi un mal fou à faire confiance aux autres, ne pas s'attacher est sa façon de se protéger.

Muey, à l'opposé, est un personnage attachant et positif dès le départ. Elle est amoureuse de Thien un peu malgré elle, plusieurs fois, on a l'impression qu'elle voudrait se défaire de ses sentiments pour aller de l'avant dans sa vie. De prime abord, elle passe pour naïve mais elle se révèle très intelligente et déterminée. Elle sait ce qu'elle veut et son sentiment d'infériorité vis à vis de Thien ne tient pas du tout à sa condition féminine ou à son intelligence mais bien à son statut social. 

L'évolution de leur relation est assez équilibrée contrairement à ce que l'on voit dans nombre de dramas thaïlandais.

Pour les couples secondaires, je suis assez partagée, l'introduction de personnages LGBT est plus ou moins bien gérée.

Des personnages secondaires, je retiendrais surtout les moments hilarants et l'importance des amitiés tout au long de la série. Que serait Thien si ses potes ne le recadraient pas de temps en temps ? 😉

Globalement, le casting de My Husband in Law est excellent.

Côté musique, je suis devenue fan d'une des chansons qui passe en boucle dans la série :



En bref, je vous conseille fortement cette série qui m'a permis de me changer les idées ces dernières semaines. En prime, vou aurez même droit aux magnifiques paysages du Myanmar !

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